dimanche 21 juin 2015

LES REVOLTES

34ème séance avec débat





LES REVOLTES 



VENDREDI 20 JUIN 2015
20H30
SOIREE DEBAT









Tout d’abord, qu’il n’y ait pas de malentendu. C’est un film d’auteur, l’œuvre d’un réalisateur qui a mené à bien son projet, aidé par le Ciclic, dans le cadre d’une entreprise collective où les acteurs et l’équipe technique coopèrent le plus efficacement possible. Dès le scénario, les grandes lignes au moins sont déjà en place.





La représentante du Ciclic a expliqué le rôle joué dans la création et la distribution du film.





Ce que ce n’est pas : un film sur Vierzon, un documentaire sur une usine vierzonnaise. Les lieux ne sont qu’un élément de la matière première à partir de laquelle le film est fait.
Quelqu’un a dit : "Merci de ne pas avoir mentionné Vierzon, parce que ça ne donne pas une belle image de la ville." Ce n’est sans doute pas faux, mais ce n’était pas non plus le but.
Ce qui a dominé dans les échanges c'est la grande gentillesse de gens qui auraient pu ne pas se comprendre, en raison des attentes du public local venu nombreux, parfois pour voir (davantage) Vierzon et ses usines, et des objectifs de création tout autres de la part de l'équipe du film. Mais bien vite on a pris le film comme une oeuvre personnelle et libre de ses choix, et non pas comme une plaquette touristique locale. La dame qui a prêté sa maison le temps du tournage s'est déclarée spontanément enchantée de l'expérience et prête à recommencer !







Edwige a placé le débat sous l'angle de la tragédie.
Et c'est bien sur ce terrain exact que Simon Leclère lui a répondu.




C’est une tragédie. Non pas tant parce qu’il y a des morts, mais surtout, pour revenir au plus près de la définition, parce que les personnages n’agissent pas, ils sont agis. Ce ne sont pas eux qui décident, c’est le destin qui les mène à sa guise, et vers un but qui n’incite pas vraiment à l’optimisme le plus débridé.


Je me croyais libre sur mon fil d’acier
Quand tout l’équilibre vient du balancier

                                                        (Jean Ferrat-Louis Aragon, Au bout de mon âge) 


Là où la discussion pourrait se faire, c'est que le réalisateur a donné l'impression d'associer tragédie et milieu défavorisé, en l'occurrence le milieu ouvrier.
Voir Giraudoux, le lamento du jardinier dans Electre:

On réussit chez les rois les expériences qui ne réussissent jamais chez les humbles, la haine pure, la colère pure. C’est toujours de la pureté. C’est cela que c’est, la Tragédie, avec ses incestes, ses parricides : de la pureté, c’est-à-dire en somme de l’innocence. Je ne sais pas si vous êtes comme moi ; mais moi dans la Tragédie, la pharaonne qui se suicide me dit espoir, le maréchal qui trahit me dit foi, le duc qui assassine me dit tendresse. C’est une entreprise d’amour, la cruauté… pardon, je veux dire la Tragédie. 


Une seule solution ( ?), la noyade.
Quelqu’un a voulu relever le peu de vraisemblance d’un jeune homme vigoureux noyé par un « vieillard » de cinquante-cinq ans. On pourrait lui présenter bien des hommes de cet âge, qui, avec vingt centimètres et vingt kilos de plus, sont largement en mesure de noyer des jeunes gens de la taille de l’acteur. Mais le film vise-t-il tant que cela au réalisme ? Et ne faut-il pas prendre en compte l’attrait morbide de la noyade tout au long du film. Suicide avec lequel on joue, jusqu’à ce qu’il paraisse vraisemblable qu’il soit, dans une ultime provocation, finalement recherché. L’invraisemblance, ce n’est pas la scène de noyade, ce serait ce qui précède : s’il ne veut pas se faire rattraper, le jeune homme a l’avantage. Qu’il se laisse prendre au piège sur la sablette du bord de l’eau, voilà qui accrédite l’hypothèse d’un suicide qui entraîne « l’ennemi » dans sa perte.





Promis, tout le monde a été sollicité, et on n'a oublié personne. On a eu la chance d'avoir une représentante des métiers du cinéma qu'on n'a pas l'habitude d'accueillir. Alors on en a profité, et les questions sur les jeux de l'obscurité et de la lumière, des couleurs et du noir et blanc,  se sont succédé.





Visiblement, Simon Leclère s'exprime plus volontiers avec la caméra qu'avec le seul micro. Mais il a fait un effort méritoire, et le public, sensible à cet effort, lui a rendu sa gentillesse. Lui qui ne sourit pas souvent, parfois, n'a pas pu se retenir. La preuve.




Cachottier, il se présente comme un pur autodidacte, réalisant des films depuis toujours depuis le super-8 et ignorant les écoles. C'est oublier qu'on connaît déjà ses études à la FEMIS, la plus prestigieuse des écoles françaises, et ses talents de scénaristes. Le Berry républicain s'en était déjà fait l'écho lors de la précédente projection privée.

Le réalisateur porte le projet de son long-métrage depuis plusieurs années. Il s'est consacré à l'écriture du film dès 2007, au sein de l'atelier scénario de la Fémis, école nationale supérieure des métiers et du son. Le scénario était en lice aux Trophées du meilleur scénario 2008. Également producteur, Simon Leclère a créé la société Alter ego en 2001, à Orléans, et a produit une dizaine de films, des fictions et des documentaires, dans les cinq années qui ont suivi.


Voir ici pour beaucoup plus d'informations encore:
http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/07/actu-juillet-2014.html






Solène Rigot, à la filmographie déjà impressionnante. Il est inutile de la présenter au public de Ciné Rencontres, qui a programmé, en comptant celui-ci, quatre de ses films sur cinq. On a commencé à la voir ici dans le film Renoir (Gilles Bourdos, avec Michel Bouquet).
Pour le dernier, La belle vie de Jean Denizot:
http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/06/vous-allez-voir-vie.html
http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/06/la-belle-vie.html
Sans oublier Lulu femme nue (Solveig Anspach):
http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/03/vous-allez-voir-lulu.html
http://cinegraphe.blogspot.fr/2014/03/lulu-femme-nue.html








Le public.
De nombreuses questions ou remarques, parfois déroutantes, mais toujours d'une grande liberté, dans la tradition de Ciné Rencontres.




 Ci-dessous, le camp des interventions souhaitant surtout exprimer leur sympathie pour l'équipe du film. 

Une question pour chacun, personne ne sera oublié. 


Le fil, pessimiste dans l'ensemble, a-t-il des aspects optimistes quand même ?

Solène Rigot, et le casting, et sa filmographie antérieure. 




Les titres.
Après la bataille faisait terriblement Victor Hugo, surtout au moment où se commémore – plus que "se fête", ça, c’est pour la musique – le centenaire de la bataille de Waterloo.

Mon père ce héros au sourire si doux.
Pas vraiment héros dans le film, le père. Ou enfin héros difficile, héros vaincu, héros aussi cocufié dans l’histoire que dans la vie privée.

Donne-lui tout de même à boire dit mon père.
Chez Hugo, l’eau est un cadeau qui  sauve la vie. Ici, si on boit la tasse, c’est la mort qui est au bout.

Les Révoltés.
Le titre n’est pas de l’auteur, il est de la production. Sans doute avec l’idée que c’est plus positif, donc plus vendeur. Après la bataille, c’était le champ de ruines. Les Révoltés, c’est de l’énergie qui va changer et peut-être améliorer les choses. Sauf que ce n’est pas le message du film.
Bernard l’a rapproché du film Les Combattants. Sans doute en raison de la forte présence du couple de jeunes gens et de l’énergie qu’ils dégagent. Sauf que dans Les combattants le pluriel se justifiait pleinement, la jeune fille ne le cédant en rien au garçon sur ce terrain. Ici, le révolté est en fait au singulier. Le fille, elle, n’est sûrement pas sur le même terrain, ni avec le même état d’esprit.



Au moment de se quitter, alors qu'on évoquait une fois de plus l'idée d'un festival du film social à Vierzon, John a sollicité le directeur de Parker présent dans la salle. Si tous les chefs d'entreprises locaux partagent sa conception de la liberté d'expression, tout espoir en ce sens n'est pas perdu. Ce n'est d'ailleurs pas le seul partenariat historique de ce type  avec Ciné Rencontres, on avait eu par exemple une véritable séance d'entreprise avec le film d'Al Gore, Une vérité qui dérange.
















Curieux aussi qu’on ait débattu sur un film qui constate le dépérissement de la classe ouvrière, quand on célèbre aussi le centenaire du plus illustre des Vierzonnais, un de ceux qui ont le plus fait pour lui permettre de conquérir, en compagnie de Jaurès, ses droits et sa dignité.


Jean Jaurès, né à Castres, et Edouard Vaillant, né à Vierzon.
Le monde ouvrier leur doit une grande partie de ses progrès sociaux,
 et nul doute que le grand-père du réalisateur, syndicaliste lui-même, s'y référait volontiers.
On dit qu'ils sont actuellement, ces acquis sociaux, extrêmement menacés.
 Et le film ne semble pas apporter une contradiction particulièrement forte à ce jugement...
Pour en savoir plus sur l'année Edouard Vaillant à Vierzon :



L'avenir dépend des révolutionnaires
Mais se moque bien des petits révoltés...
(Jacques Brel, La Bastille)




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    Cliquez sur le lien ou sur l'image.

http://cinelumiere-vierzon.info/











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