samedi 30 août 2014

Vous allez voir Party


1ère séance avec débat
(première séance de la saison 2014-2015)









PARTY GIRL



Drame français de Marie Amachoukeli, Claire Burger, Samuel Theis (1h35)

avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis









Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.




CINE DEBAT

Vendredi  5 septembre 2014 à 20h30 

au Ciné Lumière de Vierzon










            Il ne faut pas abuser de l’expression, mais en l’occurrence on ne peut guère s’empêcher de parler d’OVNI cinématographique. Ici, dans cet article, tout est dit, et si ce n’est pas dit, c’est fortement suggéré. Un film avec trois réalisateurs, et un film ayant son unité, pas un film avec trois séquences successives, c’est déjà beaucoup pour ne pas intriguer. Mais ce n’est pas tout.
            Car d’autre part, qu’y a-t-il dans la note d’intention pour séduire le portefeuille d’un producteur ? La vie, même trépidante, d’une fêtarde sexagénaire, voilà qui n’a pas vraiment les moyens a priori de susciter l’enthousiasme. La vie d’une noctambule pas même célèbre - et s’il s’agissait de Régine, serait-ce vraiment plus folichon ? – ne pousse pas spontanément à se précipiter dans les salles obscures. Pas de vedette, même pas un acteur connu…
Et pourtant les récompenses et les adhésions sont là. C’est qu’il doit bien y avoir autre chose. Les dernières lignes de l’article, après les premières qui parlent de « brio » dans la direction des acteurs non professionnels, nous orientent vers deux ou trois pistes. On se demande comment le « populo » y devient vedette, quelle charge humaine recèle cette anonyme shootée à la fiesta, et enfin, peut-être l’essentiel, quelle dose de mystère dans cette Angélique nous troublerait au moment de nous risquer à porter sur elle un quelconque jugement.
(Corrigez à la lecture une petite coquille dans l'article : Samuel Theis, et non Thies.)

Le Canard enchaîné, 28 août 2014







Ce film est soutenu par l'ACC (Association des Cinémas du Centre). 







« Il y a beaucoup de romanesque dans la vie des gens ordinaires. »

« Nous avons travaillé de sorte que nous soyons toujours d’accord tous les trois. »

« On voit bien que dans notre pratique, on n’invente rien. D’autres avant nous ont utilisé le réel et fait tourner des acteurs non-pros. Mais on ne s’inscrit pas de façon théorique dans un cinéma qui nous aurait fascinés et qu’on voudrait reproduire. Si le cinéma-vérité ou le néo-réalisme nous parlent, nous inspirent et nous intéressent, on ne s’en réclame pas. Cassavetes, Pasolini ou Pialat, entre autres, sont aussi des références pour nous. Pour Party Girl, on a beaucoup regardé Mama Roma, Une femme sous influence, Wanda, qui sont des films portrait, de femmes libres et hors norme. »

« Et si nous avons choisi au montage de ne pas laisser le spectateur s’installer confortablement dans cette émotion, c’est que nous voulions qu’il reste surpris par notre proposition. Qu’il avance dans le film sans savoir où il met les pieds. C’est ce qui nous intéresse aussi. »

(Les réalisateurs, à l’unisson bien sûr)


Après le Nord des Ch’tis, la Lorraine de Party Girl ?…


Les trois réalisateurs


Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis sont nés à la fin des années 70 et sont amis de longue date.

Claire et Samuel se sont rencontrés à 18 ans à Forbach, Marie et Claire se sont rencontrées quelques années plus tard à La fémis.
Le trio a collaboré une première fois à l’écriture et la mise en scène d’un moyen-métrage, FORBACH (2ème prix de la Cinéfondation au festival de Cannes en 2008), le film de fin d’études de Claire à La fémis. Ce film mettait déjà en scène la famille Theis. Samuel a ensuite eu le désir de réaliser un long-métrage sur eux, avec sa mère comme personnage principal.

Il s’associe à Marie et Claire et ils signent à six mains le scénario et la réalisation de leur premier long métrage, PARTY GIRL, qui fait l’ouverture de Un Certain Regard au festival de Cannes en 2014 et remporte la Caméra d’or.

Entre temps, Marie et Claire avaient coréalisé deux courts-métrages, C’EST GRATUIT POUR LES FILLES qui obtient en 2010 le César du meilleur court-métrage et DEMOLITION PARTY en 2012.

Samuel, qui a eu une formation d’acteur avant de passer lui-aussi par La fémis, a notamment été comédien dans les œuvres de Bertrand Tavernier (La Princesse de Montpensier), Philippe Lefebvre, Jean-Michel Ribes...
Dans la série Un village français de Frédéric Krivine et Philippe Triboit, Samuel Theis interprète le rôle de Kurt, un officier de la Wehrmacht.



Références




Puisqu’il a été fait mention de Mama Roma, c’est l’occasion de retrouver Lionel Tardif, que nous avons reçu pour son film La danse de Shiva, et qui nous fournit son analyse de ce film dans son livre Les grands aventuriers du cinéma :

En 1962 Pasolini réalise avec Anna Magnani Mama Roma. Tourné dans les milieux sous prolétaires de la banlieue romaine, ce film montre la noblesse d'une ancienne prostituée qui fait venir son fils auprès d'elle, mais cette démarche provoque en elle une profonde déception. L'écriture n'est pas banale. Mama Roma au sortir de ses déboires sentimentaux se retrouve invariablement sur le trottoir. Ses déambulations sont accompagnées par des délirants mouvements de caméra avec panoramiques et recadrages qui permettent au réalisateur de passer d'une rencontre à une autre, du rire au désespoir, du souvenir au rêve, bref, dit Jean-Louis Comolli. « de passer sans rupture de la forme, de sa dimension prosaïque de mère prostituée à sa dimension onirique de femme-maîtresse, face à son destin, jouée par lui et le défiant d'autant.» 











Mamma Roma, prostituée, la quarantaine, parvient à quitter le Milieu pour adopter un mode de vie propice à l'éducation de son fils adolescent, ayant vécu jusqu'alors en pensionnat. Emménageant dans un des nouveaux quartiers de la ville, elle s'efforce de maintenir le cap de cette vie qu'elle veut meilleure, alors que le jeune homme se rapproche des gangs évoluant dans les friches avoisinantes.





Réalisé un an après ACCATTONE (1961), le deuxième long métrage du jeune Pasolini explore à nouveau le milieu du "Lumpen Proletaria" résultant du chamboulement démographique et urbanistique de l'Italie d'après-guerre. Avec ces deux films dans la lignée du nouveau réalisme, le réalisateur accorde une grande attention teintée de tendresse aux marginaux et petits criminels évoluant dans ce milieu particulier, et dénonce avec puissance les manquements de la société italienne en reconstruction envers les couches sociales défavorisées.









Une femme sous influence (A Woman Under the Influence) est un film américain réalisé par John Cassavetes, sorti en 1974.



Nick travaille sur les chantiers. Suite à une rupture de canalisation, il téléphone à sa femme, Mabel, pour lui annoncer qu'il ne pourra pas passer la soirée avec elle comme prévu. Mabel qui avait confié les enfants à sa mère, se retrouve seule et désemparée. Déprimée, elle sort et erre dans les bars, tombe sur un inconnu qu'elle ramène à la maison.


Le lendemain, Nick rentre au foyer accompagné de ses collègues, pour ne pas avoir à affronter Mabel seul. Sa femme improvise un déjeuner avec des spaghettis.




Alors que Mabel cherche le réconfort, elle ne trouve que condescendance et humiliation. Nick ne l'écoute pas et dépense son énergie à faire « comme si ». Écrasée par le poids de sa famille et les conventions de la société, elle glisse doucement vers la folie…


Une oeuvre maîtresse dans la filmographie de Cassavetes portée par l’interprétation flamboyante de Gena Rowlands






Wanda est un film américain réalisé par Barbara Loden, sorti en 1970.


Wanda est une jeune femme qui se laisse partir à la dérive. Après avoir quitté son mari et ses enfants, elle rencontre M. Dennis, voleur de piètre ampleur, et le suit sur les routes américaines.


Barbara Loden épouse le réalisateur Elia Kazan en 1968. Celui-ci lui a offert son premier rôle au cinéma dans Le Fleuve sauvage (Wild River) (1960) et devient ensuite son mentor avant d'être son mari.


Mariée à un mineur de Pennsylvanie et mère de deux enfants, Wanda ne s’occupe ni d’eux ni de sa maison, et passe la majeure partie de ses journées affalée sur le canapé du salon, en peignoir et bigoudis. Sans personnalité ni volonté, elle se laisse "divorcer". Seule, sans domicile ni moyens de subsistance, elle erre sans but précis, et fait la connaissance d’un voleur, Dennis, dont elle devient la maîtresse et complice.
Porté à bout de bras, Wanda est un projet personnel qui tenait à cœur à Barbara Loden, réalisatrice, scénariste et interprète d’un long-métrage qui demeurera son seul et unique film.
Projeté au Festival de Venise en 1971, il en repartira avec le Prix International de la Critique alors qu’il était parti bredouille du Festival du Cannes où il fut présenté dans la section parallèle l’année précédente. Encensé par Marguerite Duras et Isabelle Huppert, il restera néanmoins inédit dans les salles françaises jusqu’en juillet 2003...




Plusieurs destins s'entrelacent dans ce nouveau récit de Nathalie Léger. Ils se nouent autour d'un film, Wanda, réalisé en 1970 par Barbara Loden, un film admiré par Marguerite Duras, une œuvre majeure du cinéma d'avant-garde américain. Il s’agit du seul film de Barbara Loden. Elle écrit, réalise et interprète le rôle de Wanda à partir d'un fait divers : l'errance désastreuse d'une jeune femme embarquée dans un hold up, et qui remercie le juge de sa condamnation. Barbara Loden est Wanda, comme on dit au cinéma. Son souvenir accompagne la narratrice dans une recherche qui interroge tout autant l'énigme d'une déambulation solitaire que le pouvoir (ou l'impuissance) de l'écriture romanesque à conduire cette enquête.
Il y a d'abord l'errance...











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