séance avec débat
est également présenté sur RADIO TINTOUIN
cinématographiques vierzonnaises :
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Bonne écoute.
Jean-Luc
Ce film évoque la vie d'Eléanor Marx, fille cadette du philosophe Karl Marx qui a
consacré sa vie à porter les idéaux de son père, au côté des ouvriers, pour
défendre les droits des femmes et contre le travail des enfants.
Et aussi, ce film parle et montre, avec beaucoup de justesse, comment on peut se
battre encore et toujours le bonheur des autres et ne pas savoir trouver ce
bonheur pour soi. En effet, elle accepte beaucoup, voire beaucoup trop, par
amour pour Edward Aveling avec lequel elle a des affinités intellectuelles très
fortes. Elle reste attachée à lui envers et contre tout, jusqu'à y perdre la vie.
Ce film a plu aux spectateurs pour ses très belles prises de vue, les costumes et
les décors très travaillés.
Et aussi pour des juxtapositions audacieuses et quelques fois déroutantes :
photos de manifestations et de répressions policières intégrées dans le film ou
encore mélanges de musiques de l'époque (Chopin, Litz... ) avec des musiques
contemporaines (rock et hard rock) ajoutant de la violence à la violence de
l’époque et la violence des humiliations que cet hommes fait subir à sa compagne.
La réalisatrice du film montre ainsi que les malheurs et les combats de cette
femme, totalement impliquée dans son époque, sont toujours les mêmes
aujourd’hui. Une idée nous est venue : garder ce film pour illustrer un prochain 8
mars (journée internationale des droits des femmes).
Edwige
En révélant au début du débat que c’était là un film que j’avais demandé, j’ai pu craindre un instant devoir sortir de la salle sous les huées ou les tomates. Je fus vite rassuré, plusieurs personnes venant même me dire qu’elles avaient adoré le film. Ouf !
Il faut dire que je souhaitais le voir au programme de Ciné Rencontres sur le seul motif de son sujet, à savoir Eleanor Marx. C’est depuis le centenaire d’Edouard Vaillant en 2015 une personnalité attachante que j’ai pu découvrir, puisque les filles Marx avaient toutes un rapport avec la Commune de Paris et la famille Vaillant.
Une question a d’ailleurs été posée sur leur expérience de l’emprisonnement en France. Il faut dire que le film abonde de détails semés de façon souvent allusive, et que pour en apprécier le sel, il conviendrait d’avoir une bonne connaissance du contexte. Je m’empresse aussitôt de nuancer : il n’est pas pour autant nécessaire d’avoir cette connaissance totale pour apprécier le film, et y trouver à la fois du plaisir et de l’intérêt.
Alors l’emprisonnement ?
Le mieux est de se renseigner en lisant le passage suivant de la longue notice que Wikipédia lui a consacrée, il synthétise parfaitement le récit que j’ai pu en faire:
« En avril 1871, Eleanor Marx et sa sœur Jenny se rendirent à Bordeaux où se trouvaient les Lafargue avec leurs enfants. Paul Lafargue tentait d'y organiser un soutien pour la Commune de Paris. Après la Semaine sanglante, pour éviter d'être arrêtés, ils trouvèrent tous refuge à Luchon. Finalement, Paul Lafargue dut passer secrètement en Espagne à Bossòst en août. Lorsque les femmes et les enfants tentèrent de le rejoindre, ils furent arrêtés à la frontière et ramenés sous escorte à Luchon. Eleanor protesta alors fortement, arguant du fait qu'un sujet britannique ne pouvait être traité de la sorte. Leurs chambres furent fouillées, à la recherche d'explosifs et de documents compromettants, sans succès (le seul document qui aurait pu les incriminer, une lettre de Gustave Flourens, avait été détruit par Jenny). Après une nuit d'interrogatoire à la gendarmerie, les sœurs Marx et les enfants furent libérés et purent gagner l'Espagne. »
La littérature, le théâtre, ont tenu une place essentielle dans la vie du couple Marx-Aveling et c’est une bonne chose qu’on leur donne cette importance dans le film. Ainsi une représentation de La Maison de Poupée du dramaturge norvégien Henrik Ibsen qui donne une clé par anticipation, pas totalement dans l’œuvre elle-même, puisque des éléments importants sont apportés dans la conversation misogyne qui la suit. Madame Bovary aussi, dont Eleanor fut la première traductrice en anglais, anticipe implicitement sur les dernières séquences du film.
Le débat, dans la salle et lors du pot convivial qui suivit, a porté avec une certaine passion sur le thème de la difficulté d’être « la fille de… ». C’est vrai, mais des nuances sont ici à prendre en compte. Eleanor était adorée par son père, d’où son surnom Tussy, qui veut dire la gamine, la môme, la petite… C’est l’équivalent du Kid de Chaplin au féminin. Elle lui rendait bien d’ailleurs cette adoration, au point qu’on pourrait y voir une explication possible du fait qu’elle s’est fourvoyée aussi aveuglement dans sa relation avec Edward. Conditionnée par le traitement hostile réservé généralement au grand homme de la famille qui l’incitait à prendre le contrepied du jugement de la société, le mauvais jugement porté par cette société à l’encontre d’Aveling ne pouvait que l’encourager à l’apprécier davantage. Or les exceptions existent aussi, et de même que les menteurs ne mentent pas constamment, les ragots de la société ne sont pas toujours sans fondement. Au total, on est bien plus près ici de la difficulté d’être la fille d’un grand homme en se référant à France, la fille de Jacques Brel, qu’en se référant à Svetlana Allilouïeva, le fille de Staline.
Je ne pouvais pas quitter le débat sans communiquer la lettre d’Eleanor à Edouard Vaillant qui fait le lien entre la famille Marx et Vierzon. Le plus simple pour moi est que je me permette de renvoyer à mon livre sur Edouard Vaillant (tome II p. 109) où j’en fais mention :
Voilà
donc deux ans en 1885 que Marx est mort, et
que Vaillant le prolonge en l’adaptant - et je reprends son expression - au
tempérament national. Plus tard, un de ses partisans, Paul Louis, dont on reparlera parce qu’il lui rendra dans trois
ans sa première visite à son domicile, écrira tout benoîtement que « Le
Marxisme pénétra en France à la fois grâce à Vaillant et grâce au parti
Ouvrier. » D’ailleurs, ce n’est pas parce que Vaillant est revenu de son exil
qu’il aurait perdu le contact avec la famille Marx. Ainsi, et je la tiens du docteur vierzonnais Roger
Coulon qui l’a
acquise, il reçoit une lettre datée du 11 mars 1885, expédiée du 55, Great
Russell Street W.E., et signée d’Eleanor Marx-Aveling.
- On en a
déjà parlé, elle avait un drôle de surnom.
- On l’appelait
Tussy, en effet, c’était la cadette des trois sœurs. Le début dénote une vraie
familiarité et une non moins vraie estime.
Cher M. Vaillant,
Tous les jours, j’ai
eu l’intention de vous remercier de l’admirable lettre que vous nous avez
envoyée pour notre journal. Mais j’ai si peu de temps que cela m’a été impossible
de trouver un seul instant.
Et puis
tout de suite on parle politique. Le fondateur du premier parti socialiste
britannique, Henry Hyndman, refuse d’entendre parler d’une adhésion à la
Deuxième Internationale, et à ce titre s’oppose au groupe Marx. Il irait jusqu’à calomnier Eleanor et sa sœur
Laura Lafargue, les accusant de lui avoir envoyé une lettre pour l’attirer
à Paris afin de le « faire arrêter comme Kropotkine », ce communiste
libertaire arrêté deux ans auparavant, et qui sera d’ailleurs relâché l’année
suivante. La fin de la lettre ne laisse aucun doute sur la proximité des deux
familles :
Nous espérons que
vous aurez le temps (vous voyez je ne doute pas de votre bonne volonté) de nous
envoyer quelque chose sur la Commune.
Rappelez-moi, je vous
prie, au bon souvenir de votre mère. Je pense bien souvent à ce temps quand
vous étiez tous à Londres, et quand mes chers parents et ma sœur étaient encore
là… Samedi, il y aura deux ans que mon père est mort !
Je vous serre
cordialement la main, et suis sincèrement à vous.
Et plus loin (p. 283), au moment de la mort de Madame Vaillant mère, en 1899, un an après la mort de Tussy:
Gilles Candar remarque que « Vaillant conserve des liens avec les Marx. Les Lafargue notamment lui font toujours bonne figure, étendant leurs liens amicaux à la famille, puisqu’il arrivera à Laura de passer des vacances en compagnie de la mère de Vaillant. » Il donne des précisions, en citant Vierville-sur-Mer, et aujourd’hui sa « plage d’or » est au cœur des plages du débarquement, pour les vacances de 1885.
NB- Le film est toujours à l'affiche:
NB2 - Que les tarifs pour nos adhérents aient été portés à 5,50 euros sans concertation avec notre association n'a pas manqué de provoquer stupeur, tremblements, voire colère lorsqu'ils l'ont découvert en achetant leur billet. "Heureusement que j'avais ma carte bleue, sinon..." a dit l'un d'eux. De fait, le petit avantage symbolique qu'apportait notre adhésion par rapport à la carte de fidélité du cinéma n'existe plus. C'est plus que fâcheux, c'est scandaleux.
A suivre!...
Jean-Marie
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Miss Marx
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