13ème séance avec débat
ATLANTIQUE
Film sénégalais de Mati Diop avec Mama Sané, Ibrahima Traore... (1h45)
Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers d’un chantier, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, qui laisse derrière lui celle qu'il aime, Ada, promise à un autre homme. Quelques jours après le départ en mer des garçons, un incendie dévaste la fête de mariage d’Ada et de mystérieuses fièvres s'emparent des filles du quartier. Issa, jeune policier, débute une enquête, loin de se douter que les esprits des noyés sont revenus. Si certains viennent réclamer vengeance, Souleiman, lui, est revenu faire ses adieux à Ada.
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Communiqué par Edwige:
L'émission de France culture où la réalisatrice du film Atlantique était l'invité - voici le lien
https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/mati-diop-marie-darrieussecq-les-fantomes-de-la-mer
Le film est également présenté sur RADIO TINTOUIN
Horaires des annonces Ciné Rencontres le vendredi:
9h15 12h15 14h15 16h15 17h25
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«Atlantique» de Mati Diop....( Grand Prix du Festival, Cannes 2019.)
Un Océan et des Hommes...En fait, j’éprouve beaucoup de difficultés pour coller des mots sur les réalités fuyantes d’un film «habité» par la beauté d’une passion humaine comme par celle de l’irrationnel pénétrant ou enserrant son quotidien. Une évidence: ce premier long d’une jeune cinéaste (36 ans!) a laissé une trace que n’effacent pas les flottements indécis des dernières séquences. La permanence de la bande-son et de ses effets en témoigne. Elle a fait naître de multiples échos qui, accompagnant chaque séquence ou presque, enveloppent l’image de leur présence sensible. Je prends comme exemple marquant la longue séquence du début dans un camion ouvert qui roule le long de l’océan transportant un groupe de jeunes hommes filmés en gros plan avec des ouvertures fugaces sur l’immensité marine. Les vagues musicales qui irriguent cette scène banale, par leur puissance profonde, la transforment en signe avant-coureur d’un dérèglement (?) déjà à l’œuvre ou à venir. Un malaise subtil s’installe, et la singularité de la mise en scène est de le laisser rôder au gré de l’évolution des situations, en le laissant souvent suggéré par des plans immobiles de l’océan mystérieux, ravivé parfois par la tension des face-à-face...et toujours une bande-son évocatrice...Le personnage d’Ada est beau, magnifié par un filmage qui lui donne une grâce pleine de retenue...Le choix de ce prénom m’a intrigué. «Ada» est le titre du dernier roman de Nabokov avant sa mort: «Ada ou l’Ardeur», œuvre-testament riche en entrées multiples. Hasard, clin d’œil!?...Il est vrai que Mati Diop, co-scénariste de son film, a su tirer parti d’influences diverses. Celle d’Apichatpong Weerasethakul est évidente: le personnage de l’inspecteur (Diop!) atteint d’une langueur qui le laisse sans force semble directement sorti d’un film du maître thaïlandais. Une autre influence, visuelle celle-là, m’a frappé: celle de «En attendant le Bonheur» (2002), film magnifique d’Abdheramane Sissako, le Mauritanien, sur un sujet très voisin, tourné sur la côte de Mauritanie: le vent, le mouvement des étoffes, l’attente...Ce ne sont bien sûr que des rimes de hasard, pas des emprunts cyniques!...La force (tranquille?) d’”Atlantique” est ailleurs. Elle se trouve, me semble-t-il, dans l’adéquation entre la forme et le fond qui permet de passer sur certaines faiblesses du scénario et emporte l’adhésion par son intensité. Le film distille un art presqu’hypnotique, privilège des œuvres habitées par un ailleurs indéterminé qui impose sa puissance. Cet océan que Mati Diop a voulu personnage entier de son film est le pendant inversé, silencieux et monstrueux, des passions humaines… et de leur intangible fragilité...Ada et Souleyman!...Un beau film!
Alain Le Déan
Amis du Cinéma
Romorantin
« Les morts ne sont pas morts »
Julien BONHOMME
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit, Ils sont dans le bois qui gémit, Ils sont dans l’eau qui coule, Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule : Les morts ne sont pas morts.
Birago Diop, « Les Souffles », Les Contes d’Amadou Koumba (Paris, Présence Africaine, 1961, pp.173-175, 1e édition 1947)
« Les morts ne sont pas morts. » Refrain d’un célèbre poème écrit dans les années 1940 par le Sénégalais Birago Diop, la locution fait également figure de véritable lieu commun dans toute l’Afrique francophone. Censé résumer de manière lapidaire la conception que l’on se fait des défunts, cet adage populaire tire son pouvoir évocateur de sa formulation contradictoire : il nie en effet qu’une classe d’êtres possède une propriété qui semble pourtant inhérente à sa définition. Mais l’expression n’affirme pas pour autant que les morts soient encore vivants. La tournure négative est ici essentielle, dans la mesure où elle laisse indéterminé le statut des défunts et peut alors ouvrir sur de multiples interprétations possibles. La formule est ainsi d’autant plus richement évocatrice qu’elle est à la fois contre-intuitive et sous- déterminée.
Voici de précieux renseignements qui nous aident à mieux percevoir le film. Un autre extrait des mêmes archives .
Female Death Rituals in the Wolof Society of Senegal
Les Wolof du Sénégal aiment la vie au point de devenir « thanatophobes ». Sous ce rapport, mettent-ils en œuvre une gamme de pratiques rituelles qui, au demeurant, les aide à mieux exorciser le démon de la « mort-néantisation. »
A cet égard, nous sommes amené à penser que cette quête, parfois exacerbée, de la vie n’assure l’éternité qu’aux hommes au détriment des femmes qui, dans cette perspective, sont, tout simplement, les « laissées-pour-compte. »
J'avoue que je perçois mieux le film à la lecture de ces lignes d'autant plus que Mati Diop est une réalisatrice et que son regard de femme évident. Cependant je ne renie pas mes propos après la projection et j'estime que la réalisatrice a voulu évoquer tellement de thèmes dans son film que l'on en perd le fil, d'autant plus la chronologie est obscure et certains personnages flottants. Une lourdeur des plans symboliques, trop de répétitions et une lenteur certaine n'arrangent pas le malaise ressenti.
Une banlieue populaire de Dakar. Pour leur lutte de classes, les marxistes tendance zombie ont troqué la faucille et le marteau contre la pioche et la pelle. La sociologie tantôt y trouve son compte, ou y perd son wolof. Le wolof, une langue qui en comprend tant d’autres, dont le français bien entendu, dans laquelle « je vais bien » se transcrit littéralement par « je suis là ». Sauf que tous les gens qui sont là dans le film ne vont pas toujours bien. Y a pas de raison que quelques versets de Coran humides ne permettent pas de se débarrasser des djinns, sauf exception bien sûr. Un mariage codifié, avec position rituelle des mains et certificat de virginité en bonne et due forme, ne l’emporte pas sur une passion amoureuse romantico-mystique. Entre chasteté et sensualité, l’équilibre est précaire, comme entre loi du groupe et loi de l’individu. De la ville, avec ses encombrements urbains, où les véhicules à moteur côtoient dangereusement les charrettes à cheval et les humains à pied, sur un sol qui contient plus de terre que de goudron. De la nature, avec une mer pas toujours recommencée, et une lune mâtinée d’hécatisme propice aux métamorphoses maléfiques. Les quatre éléments ne chôment jamais, toujours prêts à paniquer, comme le vent des tempêtes, ou à cajoler, comme la fausse douceur de l’eau qui fait semblant de dormir avec la complicité d’une bande-son propice. Le feu qui couve partout, métaphorique, ou réel, ou semi-réel, celui qui fait dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, mais qu’il peut y avoir du feu sans un départ de feu. De la rationalité, celle d’une enquête policière professionnelle qui ne sert qu’à mettre en évidence le mystère le plus inconcevable. Une pirogue ivre qui mène à une éternité rimbaldienne à la Pierrot le Fou, l’éternité d’une mer allée avec le soleil. Une condition féminine omniprésente, mais constamment en équilibre instable entre victoire et défaite. Des effets de surprise, ou au contraire des indices plus plantés que semés, comme ce long travelling initial le long de l’océan, tellement sur-ex qu’on ne peut manquer de penser à l’irruption prochaine d’un surréel noyant les existences plus que la mer elle-même.
« Les morts ne sont pas morts »
Julien BONHOMME
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis : Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire Et dans l’ombre qui s’épaissit. Les morts ne sont pas sous la terre :
Ils sont dans l’arbre qui frémit, Ils sont dans le bois qui gémit, Ils sont dans l’eau qui coule, Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule : Les morts ne sont pas morts.
Birago Diop, « Les Souffles », Les Contes d’Amadou Koumba (Paris, Présence Africaine, 1961, pp.173-175, 1e édition 1947)
« Les morts ne sont pas morts. » Refrain d’un célèbre poème écrit dans les années 1940 par le Sénégalais Birago Diop, la locution fait également figure de véritable lieu commun dans toute l’Afrique francophone. Censé résumer de manière lapidaire la conception que l’on se fait des défunts, cet adage populaire tire son pouvoir évocateur de sa formulation contradictoire : il nie en effet qu’une classe d’êtres possède une propriété qui semble pourtant inhérente à sa définition. Mais l’expression n’affirme pas pour autant que les morts soient encore vivants. La tournure négative est ici essentielle, dans la mesure où elle laisse indéterminé le statut des défunts et peut alors ouvrir sur de multiples interprétations possibles. La formule est ainsi d’autant plus richement évocatrice qu’elle est à la fois contre-intuitive et sous- déterminée.
Voici de précieux renseignements qui nous aident à mieux percevoir le film. Un autre extrait des mêmes archives .
Female Death Rituals in the Wolof Society of Senegal
Les Wolof du Sénégal aiment la vie au point de devenir « thanatophobes ». Sous ce rapport, mettent-ils en œuvre une gamme de pratiques rituelles qui, au demeurant, les aide à mieux exorciser le démon de la « mort-néantisation. »
A cet égard, nous sommes amené à penser que cette quête, parfois exacerbée, de la vie n’assure l’éternité qu’aux hommes au détriment des femmes qui, dans cette perspective, sont, tout simplement, les « laissées-pour-compte. »
J'avoue que je perçois mieux le film à la lecture de ces lignes d'autant plus que Mati Diop est une réalisatrice et que son regard de femme évident. Cependant je ne renie pas mes propos après la projection et j'estime que la réalisatrice a voulu évoquer tellement de thèmes dans son film que l'on en perd le fil, d'autant plus la chronologie est obscure et certains personnages flottants. Une lourdeur des plans symboliques, trop de répétitions et une lenteur certaine n'arrangent pas le malaise ressenti.
John
Une banlieue populaire de Dakar. Pour leur lutte de classes, les marxistes tendance zombie ont troqué la faucille et le marteau contre la pioche et la pelle. La sociologie tantôt y trouve son compte, ou y perd son wolof. Le wolof, une langue qui en comprend tant d’autres, dont le français bien entendu, dans laquelle « je vais bien » se transcrit littéralement par « je suis là ». Sauf que tous les gens qui sont là dans le film ne vont pas toujours bien. Y a pas de raison que quelques versets de Coran humides ne permettent pas de se débarrasser des djinns, sauf exception bien sûr. Un mariage codifié, avec position rituelle des mains et certificat de virginité en bonne et due forme, ne l’emporte pas sur une passion amoureuse romantico-mystique. Entre chasteté et sensualité, l’équilibre est précaire, comme entre loi du groupe et loi de l’individu. De la ville, avec ses encombrements urbains, où les véhicules à moteur côtoient dangereusement les charrettes à cheval et les humains à pied, sur un sol qui contient plus de terre que de goudron. De la nature, avec une mer pas toujours recommencée, et une lune mâtinée d’hécatisme propice aux métamorphoses maléfiques. Les quatre éléments ne chôment jamais, toujours prêts à paniquer, comme le vent des tempêtes, ou à cajoler, comme la fausse douceur de l’eau qui fait semblant de dormir avec la complicité d’une bande-son propice. Le feu qui couve partout, métaphorique, ou réel, ou semi-réel, celui qui fait dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu, mais qu’il peut y avoir du feu sans un départ de feu. De la rationalité, celle d’une enquête policière professionnelle qui ne sert qu’à mettre en évidence le mystère le plus inconcevable. Une pirogue ivre qui mène à une éternité rimbaldienne à la Pierrot le Fou, l’éternité d’une mer allée avec le soleil. Une condition féminine omniprésente, mais constamment en équilibre instable entre victoire et défaite. Des effets de surprise, ou au contraire des indices plus plantés que semés, comme ce long travelling initial le long de l’océan, tellement sur-ex qu’on ne peut manquer de penser à l’irruption prochaine d’un surréel noyant les existences plus que la mer elle-même.
Voilà bien quelques ingrédients, parmi d’autres, à combiner dans ce grand shaker qu’on appelle un film, et vous avez Atlantique. C’est moins décoiffant que les Misérables de la semaine passée, c’est plus reposant et davantage propice à la méditation. Ou plus endormant, c’est selon.
Jean-Marie
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qui concerne :
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La Décale Procès de Bourges
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Orléans Festival de Cannes 1939
Contre les pesticides
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http://cinelumiere-vierzon.info/
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Vous n'avez pas manqué de remarquer la rubrique ART ET ESSAI... et le lien
CINE RENCONTRES.
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Tarif de 5 euros sur présentation de la carte d'adhérent de Ciné-rencontres à la caisse. (Ce tarif est appliqué uniquement sur les films sélectionnés dans le programme de Ciné-rencontres.)
N'hésitez pas à nous la demander.
Rappel du tarif d'adhésion: 10 euros pour un an (de date à date) avec possibilité d'affilier 2 personnes si on le souhaite pour ce montant (chacune aura sa carte, ce qui revient à 5 euros l'adhésion avec cette option couple" au sens très large: amis, relations,...). 5 euros pour étudiant ou chômeur (possibilité également d'adhésion "couple", ce qui revient alors à 2,50 euros).
Ne vous souciez pas de la date de renouvellement: nous vous contacterons le moment venu.
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Vous pouvez remplir cette fiche chez vous, après l'avoir copiée et collée (par exemple) dans un traitement de texte (Word,...).
Merci pour votre soutien.
Précision utile: les séances Ciné Rencontres sont ouvertes à tous, et pas seulement aux membres de l'association. Même chose pour notre pot d'après débat.
Facile de nous trouver. Il suffit de taper "cinégraphe" sur Google par exemple...
(capture d'écran du 27 septembre 2017).
Tiens... tiens... "abondante et variée"... Et si Ciné Rencontres y était un peu pour quelque chose en fin de compte?...
Autres tarifs au Ciné Lumière:
Berry républicain 2 décembre 2017
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