samedi 25 août 2018

PAUSE CRITIQUE JUILLET 2018

avec Francis de Laveleye
(producteur et maître de conférences à l’Université Libre de Bruxelles)












TROISIEMES NOCES
SWEET COUNTRY





Photo : il est venu à Vierzon, avec son épouse, France Brel :

(Un grand merci pour nous avoir donné l'autorisation de diffuser ses critiques sur notre blog.)



FILMS JUILLET





500

Troisièmes Noces de David Lambert

Voici une production comme l'on aimerait en voir plus souvent. Les moyens publics de financement belges qui contribuent significativement à une œuvre qui parle de notre pays. L'histoire est adaptée d'un roman de Tom Lanoye, l'un des plus importants romanciers néerlandophones belges, comme l'était déjà (357) Sprakeloos (La langue de ma Mère) de Hilde Van Mieghem. Une autre adaptation d'un roman du même auteur.

Peut-être ne retrouve-t-on pas ici cette gouaille et le talent inventif de l'image, de la construction narrative, du film de Hilde Van Mieghem, mais Troisièmes Noces ne démérite pas. Les acteurs surtout occupent l'écran avec leurs éclatants talents, leurs sensibilités, leurs humours et souvent leurs drôleries. Au delà de l'anecdote du film (le mariage blanc d'une noire avec un veuf homosexuel déprimé) le récit nous fait côtoyer un quotidien peu connu, celui des marginalisés sur lesquels la société porte généralement un regard suspicieux, craintif. Ici, vous apprendrez à aimer la différence, les laissés pour comptes par les battants qui les ont battu par manque d'attention, de tendresse. Certes le film n'est guère soutenu, faute d'inventivité plastique, ni par un montage qui est assez " installé " et sans surprise. Sans doute est-ce le prix à payer pour un film qui en annonce d'autres, que l'on peut espérer de la même veine, celle où coule notre culture locale, notre singularité, irriguée par les bienfaits du Tax Shelter. David Lambert a écrit des scénarios déjà, tournés par d'autres, il a réalisé 2 longs métrages. L'homosexualité est au centre de ses sujets, comme il semble que ce soit souvent la cas de la fiction actuelle. Elle est traitée ici avec une immense tendresse, et le talent de Bouli Lanners y est incontestablement pour beaucoup.


501

Boli Bana de Simon Coulibaly Gillard

Un joli documentaire, ce genre de film qui permet de découvrir ce que aucun voyage, aucun livre ne permettrait de connaître. Le cinéma dans toute sa singularité. Le réalisateur observe, nous montre, de près, la (sur)vie d'un peuple à peine défini - les peuhls, issus du village éponyme - qui entre élevage et tâches quotidiennes, essaye de se nourrir, de perpétuer ses singularités qui parfois nous paraissent les plus barbares. La structure du film est très " genrée " comme il faut dire maintenant pour exprimer le fait que les hommes et les femmes constituent deux groupes hétérogènes juxtaposés. Par le choix des images, par le cadre généralement très serré, par les mini événements qui constituent la trame non pas du récit à proprement parler - car il n'y en a pas - mais du long regard porté sur le quotidien de ces gens, le réalisateur nous fait aimer ces destins, témoins d'un monde radicalement différent du nôtre. C'est émouvant, poignant parfois, plein de bienveillance et de tendresse. Très exactement à l'inverse d'une carte postale touristique avec de beaux paysages, de beaux jeunes gens, de beaux vieillards, de très belles femmes. Tous sont là, au cœur du film, mais leur dignité est préservée car ils échappent au voyeurisme ébahi dont le selfie est devenu aujourd'hui la vérole du regard. Et pourtant, sans même qu'on ne puisse comprendre comment ils sont rechargés, des téléphones portables et leurs images, occupent déjà une place centrale dans l'imaginaire de cette jeunesse, voyant là sans doute la première concrétisation d'un ailleurs espéré. Le sujet semble être, sans aucune insistance ou désir de démonstration, le passage vers la vie d'adulte. Des moments significatifs pour le garçon, pour la fille, nous sont montrés de façon très intense, au plus près.

Le film laisse le sentiment que ces femmes et ces hommes sont beaucoup plus proches de nous qu'un premier regard ou l'office des étrangers le laisseraient penser. Voyez les tatouages, par exemple, le rite de mutilation de la circoncision.

Et comme chacun le sait, la production cinématographique au Burkina Faso n'est guère développée. Aussi ce film ne peut-il exister que grâce aux moyens publics de la Belgique qui, tous " guichets " confondus, a permis à ce film d'exister et aux gens qu'il nous présente, d'entrer dans notre famille imaginaire. Vive le Tax Shelter lorsqu'il aide à donner naissance au talent et à la beauté presque magique, à l'extraordinaire.


502

Au Poste de Quentin Dupieux

Au pilori. Voilà sans doute le film le plus crétin qu'il m'aura été donné de voir. Un abîme de vacuité, une sombre bêtise.

Le pitch et la présence de Benoît Poelvoorde faisait envie pour une petite soirée d'été, légère et sans prise de tête : un flic à l'ancienne qui interroge un quidam. Version comique peut-être de Garde à Vue ? Mais les couples comiques, cela ne court pas les rues. Ici, c'est plat comme un soufflé au fromage raté. Avec un soupçon de prétention dans l'écriture de ce qui aurait dû être un scénario : il y a des scènes qui se déroulent de façon fantasmée. Un ratage complet.
Et qui rend vraiment fâché car c'est le contribuable belge qui, à travers le Tax Shelter, co-finance ce genre de sous produit indigne d'une cinématographie même de pur divertissement. Une honte.


503

The Guilty de Gustav Möller


52 Locke de Steven Knight avait fasciné : cet ingénieur filmé durant son trajet en voiture, parlant au téléphone avec les autres protagonistes de l'histoire, que l'on ne voit jamais. Le principe ici est le même : un seul acteur, en plan buste, qui travaille dans le central téléphonique des appels d'urgence au Danemark. Eh bien, ce cinéma minimaliste fonctionne très bien. Le suspens tient en haleine, le spectateur comprend tout de ce qu'il ne voit jamais. La bande sonore est à la hauteur du défi, remarquable. Le rythme du film est superbement maîtrisé si bien que l'on ne se lasse jamais de voir sans cesse le même comédien, absolument excellent. Une leçon pour acteurs en formation. Deux histoires s'entremêlent, celle des personnes en situation de péril imminent, celle du personnage central dont on découvre petit à petit qu'il traîne une sérieuse casserole. Si la première intrigue connaît une fin bien carrée, la seconde laisse un sentiment d'incertitude qui donne au spectateur un petit goût d'inachevé qui correspond bien à l'esprit du film. " Le coupable " est aussi un mot qui semble être le lien entre ces deux sujets entremêlés : peut-on connaître vraiment la vérité d'un crime ? Le film contribue à en douter. C'est plus qu'un exercice de style même si l'on ne peut se départir de l'admiration que provoque les contraintes spécifiques à ce type de défit narratif. Contraintes remarquablement exploitées et maîtrisées. Une leçon - austère - de cinéma. A voir, sans se sentir coupable.

504
Skyscraper de Rawson Marshall Thurber

Le (re)Tour Infernale ! En allant voir ce type de production, il ne faut pas s'attendre à utiliser trop de neurones ; et ici, malgré la 3D et le grand spectacle, pas de déception : le produit est conforme à la promesse. Un film qui est au cinéma ce qu'une clique militaire est à un quatuor à cordes. Amusant de voir la structure du scénario, les durées très maîtrisées de chaque " épisode " lesquelles s'enchaînent de façon assez prévisible pour renouveler le suspens et donner au héros une occasion nouvelle de faire preuve de son énergie. Le gag de sa jambe amputée et de sa prothèse façon canif suisse est d'un goût assez moyen... Les effets spéciaux omniprésents sont à la hauteur du sujet (très très haut donc puisque c'est la tour la plus haute du monde qui s'enflamme !). Les mauvais sont très mauvais, les flics sont très bons, certaines femmes sont très méchantes, pas l'épouse du héros de salle de bodybuilding.
Et lorsqu'on tire à la mitraillette sur tout le monde, seuls ceux qui doivent mourir sont touchés. Les dialogues - si l'on peut dire - sont constitués par des phrases en 3 parties : sujet, verbe, complément. Comme cela tout le monde peut comprendre ce qui se dit.
Le petit plus est que cette histoire, façon 9/11, se déroule en Chine, dans la partie la plus américanisée, Hong Kong. Bref un cinéma de genre qui ne fait pas monter au ciel, mais qui assume.

505
Sweet Country de Warwick Thornton

Certainement pas " doux ". Mais passionnant. Un film " de genre ", le Western, façon Spaghetti, ici l'on dirait plutôt " L'Aborigène, le juge et le sergent ". Une histoire qui séduit essentiellement par le dépaysement, dans des paysages exceptionnels, avec des acteurs tous excellents, par la vigueur des tempéraments (de brutes épaisses) décrits, l'on devrait écrire " burinés ", à coup de feu et de fouet. Âmes sensibles, apprêtez-vous à baisser les yeux de temps en temps. Tout cela pèse des tonnes, prend son temps, il y a une ambiance de méchanceté, de confrontation absolument paroxystique qui fait prendre patience quand les plans et les séquences s'éternisent un peu dans le pas cadencé des bottes de cow-boy filmés en gros plan et long travelling ou l'errance d'un cheval sur un lac salé.
La photographie (dont le réalisateur a assuré la direction) est somptueuse, façon Ektachrome de la grande époque, utilisant la lumière naturelle écrasante, avec des ombres très marquées. La structure narrative avec des plans en flash back est subtilement ornementée, mais sans que cela ne donne trop l'impression d'une sophistication de style intellectualisant.
C'est un film noir, très pessimiste sur le genre humain. Mais un spectacle aux qualités fortes et nombreuses. La principale sans doute est de nous confronter via l'histoire et la fiction, à l'actualité et à la réalité des comportements les plus ségrégationnistes.
























Fondation Jacques Brel
Place de la Vieille Halle aux Blés 12
1000 Bruxelles - Belgique
+32 2 511 10 20
www.fondationbrel.be









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Berry républicain 2 décembre 2017



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